Exclusif : La CIA répond à Jean-Luc Mélenchon

Publié le par Simon Castéran

Exclusif : La CIA répond à Jean-Luc Mélenchon

Langley (Virginie, USA), Toulouse, le 27 février – Suite au billet publié sur son blog le 26 février par le leader incontesté et incontestable de la France Insoumise, un agent en service de « la CIA médiatique » a souhaité réagir.

 

Mon cher Jean-Luc,

 

Dans l'avion militaire qui me ramenait de ma dernière opération de déstabilisation politique, j'ai pris connaissance, avec délice, de ta dernière tribune. Quelle verve ! Quelle fureur ! Qu'importe que l'on s'appelle Europe 1, Libération, Maison & Jardin ou Okapi, « la haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine », écris-tu dans cet esprit d'Evangile qui te caractérise. Le même qui, à n'en point douter, t'empêche de te « laisser submerger par la haine qui est toujours une victoire de l’ennemi ».

 

Comme tu t'y attendais en rédigeant cette longue attaque, celle-ci a fait mouche auprès des médias ; lesquels, du Figaro au Huffington Post en passant par tes chers amis de France Info, se sont empressés de réduire ton épais bifteck à l'état de steak haché à 90 % de matière crasse.

 

C'en est d'ailleurs à se demander si ces derniers ne sont pas un peu masochistes, tant ils prennent plaisir à reprendre les mots de celui qui les injurie. Tout comme toi-même tu sembles l'être si souvent, n'hésitant jamais, dans le même temps que tu les accables, venir sur leurs ondes et leurs plateaux sitôt qu'ils t'y invitent. Comme ce fut le cas face à Jean-Jacques Bourdin sur RMC/BFMTV le 1er février dernier, propriétés pourtant des ces puissants que tu abhorres. Quand ce n'est pas l'un de tes députés, « Quatennens » – il a un prénom tu sais, Adrien – qui vient dans l'émission On n'est pas couché défendre la parole de la France Insoumise.

 

Mais qu'importe ! « la presse est ainsi la première ennemie de la liberté d’expression », dis-tu. Laquelle, dans la révélation des mots méchants de Laurent Wauquiez, « ne se confond pas « avec la liberté de « tout répéter » ni avec le délire névrotique de la transparence absolue que réclament les médias (et qu’ils ne s’appliquent pas à eux-mêmes) ». La NSA, pardon, le CSA, pourtant prompt à nous surveiller, appréciera.

 

Car en effet, que serait ce droit démocratique, sans la liberté qu'ont les hiérarques de cacher ce qui les incommode ? En offrant au monde entier une information délivrée des attaches partisanes, sans respect des pudeurs de chacun, nous autres journalistes nous faisons vraiment les empêcheurs de penser en rond. Comme lorsque des journalistes d'investigation de Radio France s'avisent de se pencher sur les comptes de campagne de la France Insoumise. Ce que tu appelles « une sorte de CIA médiatique voué (sic) à propager les dénonciations », ce qui pour nous, au sein de la Conjuration Infâme de l'Actualité (CIA), est plus qu'un métier. Une vocation.

 

Cette même vocation qui t'anime, toi le dénonciateur professionnel des injustices de ce monde. Et qui fait de toi, depuis tant d'années, le meilleur agent de la CIA. Oh, je sais ce que tu vas dire : il n'est pas plus grand crime, pour un officier de renseignement, que d'en dénoncer un autre. Mais c'est toi qui as commencé !

 

Tu es d'ailleurs si doué qu'honnêtement, on est un peu perdus. Car à te voir attaquer aussi souvent les médias, tout en sachant que cela leur donne de la matière journalistique à vendre, nous pensions au début que tu n'étais qu'un agent double. À l'image d'un autre officier émérite de la CIA, Alain Finkielkraut, qui se répand en toute liberté dans les journaux et les plateaux télé pour dire, comme toi désormais, qu'on « ne peut plus nulle part parler librement ».

 

Mais lorsque tu t'indignes que l'on révèle les mots gênants d'un tenant de la droite dure, on en vient quand même à se demander si tu ne serais pas aussi un agent triple, voire quadruple. Pas seulement au service des Républicains, mais aussi de la politique en ses pires travers. Où est donc passé le héraut du « dégagisme » qui voulait nettoyer la République des politiciens menteurs, dangereux ou réactionnaires, quand tu te retrouves à les protéger ?

 

Car si la publication des propos de Laurent Wauquiez repose, comme tu le soupçonnes, sur une « opération destinée à empêcher la droite de se regrouper autour de son parti traditionnel », poussant les électeurs attirés vers la droite dure vers un plus doux centrisme, que ne t'en réjouis-tu ? Que ne fais-tu intervenir, en bon agent provocateur, ce « large réseau d’informateurs » que « l’ampleur de la décomposition morale et professionnelle de ce milieu [journalistique] a même mis à [ta] disposition » ?

 

La réponse, nous le subodorons, est simple. Tout comme la dénonciation d'un « parti médiatique  »  - qui n'a d'unité idéologique que celle que tu lui prêtes - te permet de poursuivre ton existence en son sein, le rempart que tu fais de ton corps contre Laurent Wauquiez, en son moderne martyre digne d'un saint Sébastien, n'a pour d'autre but que de protéger ce même système politique qui, depuis 35 ans, te permet d'y subsister. La reconnaissance du ventre, en somme.

 

C'est pourquoi, mon cher Jean-Luc, je tiens à te rassurer. À l'Agence, nous sommes tous admiratifs. Avec ta haine paranoïaque des médias et de la transparence – qui te pousse à vouloir protéger le secret jusque chez un adversaire politique – ton obsession du « complot » et ta violence naturelle, tu fais, à défaut d'un bon analyste, un excellent agent de terrain.

Comment, d'ailleurs, pourrions-nous t'en vouloir ? Car comme tu le dis si bien, « les esprits construits voient vite les ficelles et leur endurance au feu d’insultes s’accroît en même temps que la haine des manipulateurs médiatiques ». A la différence près que nous ne te haïssons point, cher agent trouble. En plus de nous amuser, tu nous es trop utile.

Commenter cet article