L'excommunication du jour : le centre commercial
Je déteste les centres commerciaux.
Je les hais.
Si l'Enfer devait un jour être sur Terre, nul doute qu'il y aurait un centre commercial à proximité. Car qu'y a-t-il de plus insultant pour l'âme humaine, de plus fourbe et menteur que ces lieux clinquants de fausse joie où Sisyphe avance courbé, poussant son chariot éternel ?
Tout est là, pourtant, pour le réjouir : vêtements, bijoux, écrans, l'alcool bien sûr et les autres merveilles. De quoi lui faire oublier son quotidien et lui rappeler, dans le même temps, qu'il doit y subvenir. Alors il déambule le long des sillons que lui dessinent les rayonnages, placide comme le boeuf qui labourait autrefois ce même champ, avant qu'il ne soit noyé par le béton.
Longtemps j'ai cru que c'était les boeufs qui tiraient la charrue. Je l'ai cru aussi quand on m'a dit que c'était la consommation des ménages qui tirait la croissance. Et que si cela ne suffisait pas, le Président irait même la chercher avec les dents. Comme le bout de viande qu'un chien errant arrache à la biche fanée. Mais aujourd'hui les boeufs ne tirent plus la charrue. Ils la poussent.